Une journée de septembre 2013, en centre de convalescence après une opération lourde, vers 15h, un courrier déposé sur le lit m’informe que j’ai réussi les examens de travailleur social passés avant de revenir à l’hôpital. Réussite, jubilation, suis si heureux, envie d’embrasser tout le monde, de partager ma joie.
Pendant des décennies, le « faire » était ma seule raison d’être. Fanatique de la religion du « faire », actions, actions et encore des actions, consommations à outrance à la limite de la transe, quelques moments de satisfaction et de bonheur pour combler une vie qui n’a pas de sens.
Mon bonheur dépendait des situations extérieures. Ce bonheur est une supercherie. Pourquoi ? Il te trompe et te shoote, te rend mendiant et esclave. C’est une entourloupe. Tu as besoin de ta dose de satisfactions pour être heureux dans la dépendance. Nous fonctionnons tous un peu comme cela. La question est alors la suivante : existe t-il un bonheur qui ne dépende pas des stimuli extérieurs, d’une réussite professionnelle, ou de bons gâteaux sucrés.
Oui ou Non ?
Si la réponse est NON, je continue à vivre la vie, à la violer et à la prendre sans la comprendre, comme un bon sauvage, sans respect, dans un égocentrisme exacerbé et maladif. Et je crève comme un chien dans la peur et la panique.
Si la réponse est OUI, c’est une porte qui s’ouvre vers un espace inconnu et lumineux. Tu n’y entres pas comme cela néanmoins. Comment s’en approcher ? Te connaître avant tout, comme le propose Socrate. Observer surtout l’animal en soi qui ne veut pas le bonheur. L’observation et la distanciation de la bête t’invitent à parcourir ce chemin vers le bonheur lumineux. C’est un travail, une pratique. Attache ton chameau et fais confiance.
Et alors, tu peux envisager joyeusement de mourir en paix.
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