« Le temps est une imposture » me dit Baboozen, un vieux sage de la lignée des Pandas. Il doit sûrement exagérer. Tous nous le subissons. Nous vieillissons et le corps part en vrille peu à peu. C’est la vie. Le corps prend un coup dans l’aile.
A 48 ans, mon corps est celui d’un vieillard. Ayant encaissé plusieurs opérations chirurgicales, il a le mérite d’être toujours là, debout. Il me permet encore de dessiner, écrire, marcher. Un jour, tout comme le vôtre, il tirera sa révérence. C’est encore la vie, et le temps continue de s’écouler.
Un grand ami Monsieur Selim Aïssel m’a dit un jour qu’il existe un secret qu'on appelle « le secret de l’éternelle jeunesse. » Ses propos sont très étranges et m'ont laissé dans une certaine perplexité. D’autant plus que les faits sont là, la vieillesse et la mort sont inéluctables. Selim Aïssel a quitté ce monde en avril 2020 en plein confinement mondial. Alors la question se pose : que voulait-il dire ?
Et toi Baboozen, tu ne cesses de rire quand tu me vois arriver à ta porte. Tu me dis chaque fois, « Cédric, s’il te plaît, tu peux sortir mes poubelles, ça te fera de l’exercice et ton corps sera content ». Je m’exécute et quand je reviens à sa porte, il a disparu. Sa femme aussi vieille que lui se met à rire également en me voyant essoufflé et me dit « Baboo m’a dit de te dire que le temps est une imposture. »
Ils m’énervent ces deux-là à rire et rire encore comme si j’étais un chien de foire. En revenant chez moi, une question émerge : « existe-t-il en soi un espace hors du temps qui nous garde jeune ? ». Si oui, comment y accéder ? Toutes ces questions me fatiguent à la longue. Je m’en vais regarder un film de Laurel et Hardy. Mort de rire. Puis La musique d’Henri Salvador me met en joie. Je me surprends à penser « Henri, j’aime ta musique et surtout tes fou rires en cascade ». Nom de Dieu, je viens de comprendre !!! Le rire est hors du temps, qu’importe l’âge. Il te plonge dans la vrai Vie et te rend éternel parce qu’il t’invite à être dans le présent de l’instant.
Le temps se dégonfle et se désagrège dans le vent.
Mieux vaut en rire. Je souris avec bienveillance à l’imposture du temps qui passe.
Merci, Monsieur Aïssel, Merci Baboozen, Merci Henri.
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